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En Turquie, Erdogan ravit son extrême droite en transformant Sainte-Sophie en mosquée

Si la décision de rouvrir Sainte-Sophie aux prières musulmanes contente l’électorat islamiste du président turc Recep Tayyip Erdogan, elle lui permet surtout de marquer des points chez les ultra-nationalistes, dont il a de plus en plus besoin pour assurer sa pérennité sur la scène politique.

Derrière la reconversion de la célèbre ex-basilique Sainte-Sophie en mosquée, rendue possible par la justice turque vendredi 10 juillet, se cache une longue bataille politique. L’objectif pour le président Recep Tayyip Erdogan : fidéliser l’extrême droite du pays.

La transformation de Saint-Sophie en mosquée est une vieille litanie de l’islam politique, mais très minoritaire”, indique Ahmet Insel, professeur émérite à l’université Galatasaray interviewé par RFI. En revanche, les ultra-nationalistes turcs ont fait de la question du statut de Sainte-Sophie leur cheval de bataille depuis très longtemps.

Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, le retour de l’édifice à sa fonction de mosquée renvoie à cet épisode de l’Histoire. Il représente un des symboles les plus visibles de la puissance passée de l’empire Ottoman. Ce geste peut donc être perçu comme “une concession à une partie des soutiens électoraux actuels de Recep Tayyip Erdogan qui est moins du côté des milieux islamistes que du côté de l’extrême droite”, explique sur France Inter Jean-François Pérouse, spécialiste de la Turquie et ancien directeur de l’institut français d’études anatoliennes.

La décision du président Recep Tayyip Erdogan a provoqué condamnations et regrets en Grèce, France, Russie, États-Unis mais également à l’Unesco, qui avait classé Sainte-Sophie au patrimoine mondial.

Erdogan “joue ses dernières cartouches”

D’une pierre deux coups, Recep Tayyip Erdogan rend là un hommage au passé glorieux de la Turquie et il réaffirme sa souveraineté en répétant aux Occidentaux qu’il fait ce qu’il entend. La presse pro-Erdogan a d’ailleurs utilisé cet évènement à la gloire du chef d’État, voyant en lui le sauveur de Sainte-Sophie, voire de la Turquie toute entière. Une opération de communication qui cache les faiblesses de l’homme fort d’Ankara, dont l’image commence à s’effriter sur la scène politique intérieure.




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