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Le premier Ramadan des réfugiés musulmans

Depuis le démantèlement du bidonville de Calais en octobre 2016, des centaines de migrants sont livrés à eux-mêmes. Beaucoup passeront leur premier Ramadan dans la rue.  C’est tranquillement que Hamidou, Soudanais d’une vingtaine d’années, se prépare au mois de jeûne du Ramadan 2017. Le jeune homme n’a pas voulu monter dans un bus pour rejoindre un Centre d’accueil et d’orientation (CAO) comme la majorité des migrants installés dans ce qui fut le plus grand bidonville d’Europe. Arrivé en France depuis près d’un an, il cohabite avec des compatriotes aux abords du périphérique de Porte de La Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris. Mais il garde le même objectif : traverser la Manche. Ces réfugiés livrés à eux-mêmes survivent grâce à la solidarité d’associations et de particuliers.
 

Une chaine de solidarité

En islam, la solidarité est obligatoire, outre la zakât al-Fitr (5 € par personne) versée aux nécessiteux en fin de mois de jeûne. Il est même recommandé de privilégier les démunis les plus proches localement de son lieu de vie. Au nord de Paris, qui rassemble nombre de quartiers populaires, les musulmans s’organisent pour des distributions de repas. Ils savent bien quels sont les bienfaits de « nourrir un jeûneur » comme l’enjoint le Texte coranique. À la veille du mois saint, on assure à Hamidou et à ses amis que « tout va bien se passer ». Même si les deux camps du nord de Paris ont été démantelés quelques semaines avant le jeûne, le 9 mai. 

« En réalité, il y a des petits campements un peu partout dans le nord de Paris depuis des années », explique Selim de l’association Au cœur de la précarité. La Chapelle rassemblait près de 1 500 Soudanais, Érythréens, Afghans et Pakistanais. La plupart ont été pris en charge dans des CAO. 
« Dans ces centres, on s’occupe de leur santé, on les aide à monter un dossier de demande d’asile. Bien sûr, ils sont nourris. Mais il n’y aura pas de conditions particulières pour le Ramadan », raconte une bénévole du centre d’accueil d’urgence du 18e arrondissement de Paris, surnommé le « centre Hidalgo ».

Comme les réfugiés savent bien qu’une importante chaine de solidarité se met en place pour leur offrir un repas chaud chaque soir, tous les acteurs de terrain parient sur l’installation d’un nouveau grand camp à la veille du jeûne. « Nous avons 7 ans d’expérience, notre organisation est rodée. Nous savons nourrir un grand nombre de personnes dans un cadre sécurisé », poursuit Selim. Les réfugiés jeûneurs préfèrent partager un repas nourrissant et qu’ils apprécient, même si c’est dans la rue. L’important est de « casser le jeûne ensemble » et de « mieux ressentir l’ambiance du Ramadan ». Même les migrants qui ont la chance d’avoir une place dans un CAO se renseignent déjà et envisagent de se déplacer chaque soir sur le lieu de distribution qui sera installé.

Une organisation millimétrée

Pour nourrir tout le monde, il faut une organisation millimétrée. « Nous faisons du repérage pour trouver une grande place dans le secteur. Il faut de la sécurité et que ce soit pratique pour notre logistique », nous souffle-t-on. L’association Au cœur de la précarité, est présente depuis 2009 auprès des plus démunis, notamment les SDF. C’est naturellement qu’ils ont augmenté la cadence pour les réfugiés arrivés par centaines. « Sur le terrain, on voit parfois de bonnes volontés, des gens qui prennent beaucoup de temps pour cuisiner… Mais je conseille toujours de prendre contact avec nous ou avec d’autres associations. » Lors des distributions de repas, il n’est pas rare que de violentes bagarres éclatent à cause de dépassement dans la file d’attente ou parce que les marmites sont vides plus vite que prévu… La situation peut vite dégénérer. « De plus, il y a une certaine heure à respecter pour la distribution. Il ne faut pas être en retard. Tout cela, on l’apprend en passant du temps sur le terrain. » 




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