CHANNELNEWS a le plaisir de vous faire découvrir les différentes facettes de cette région emblématique qui a marqué l’histoire de Port-Louis et de Maurice.
L’historique de la Plaine-Verte
On est parti à la rencontre de nombreuses personnes qui ont connu l’histoire de la Plaine-Verte de près ou de loin avant la bagarre raciale de 1968. On a rencontré Reza Peeroo, qui est né et a grandi à la Plaine-Verte et pour qui la région n’a point de secret. Selon lui, la Plaine-Verte était un vrai jardin où les différentes communautés se côtoyaient et vivaient comme une famille.
Pour lui, c’était aussi un lieu de culture où vivaient de nombreux professionnels, à l’instar de Sir Seewoosagur Ramgoolam, les familles Boolell, Finette, Bellepeau et tant d’autres. Il se souvient aussi avec nostalgie des fêtes comme le Divali, l’Eid-Ul-Fitr ou la fête de l’Assomption, célébrés par toutes les communautés dans la joie et la bonne humeur.
Diversité culturelle et religieuse
La bagarre raciale de 1968 a joué un rôle majeur dans le peuplement a forte concentration musulmane dans cette ville. Même si la Plaine-Verte d’aujourd’hui est considérée comme ayant une population fortement musulmane, elle reste la ville arc-en-ciel pour plusieurs. Il existe toujours des personnes de foi hindoue, tamoule, chinoise et catholique qui y habitent.
Rajen, marchand de journaux depuis quinze ans nous raconte que cette ville est son chez soi et qu’il est respecté par ses habitants. Ce n’est pas le propriétaire du magasin François Lan qui nous dira le contraire. Ce dernier affirme que bien qu’il tienne son commerce dans une région a forte concentration musulmane, il n’a jamais eu de problème avec qui que ce soit. Il soutient également que tous les voisins vivent en bonne intelligence dans un esprit de fraternité et de coopération.
Quand la tradition se mêle à la modernité
Il suffit de voir les différents lieux de culte qui se situent l’un a coté de l’autre pour se rendre compte de la diversité culturelle et religieuse qui y règnent. L’église anglican, Saint-Paul, l’église catholique St François Xavier, la mosquée Al-Aqsa figurent parmi les repères de la Plaine Verte avec un passé riche en histoire.
Un peu plus loin, soit à la rue SSR (ex Desforges) on peut voir l’hôtel le Pakistan, un bâtiment imposant de couleur verte et moderne qui reçoit toujours ses anciens clients. Ces derniers, fidèles à leur thé « made in » l’hôtel le Pakistan, s’y rendent quotidiennement pour rencontrer de vieux amis autour d’une table et manger des gâteaux. Raouf, un habitué de ce salon de thé nous révèle que depuis son enfance il connait cet hôtel qui date plus de 70 ans.
Ambiance festive
Qui ne connait pas la fameuse rue, Dr Hassen-Sakir, plus connue comme la rue Pagoda ? Ce lieu incontournable du shopping a un passé riche qui est lié à l’histoire de la Plaine Verte. Cette rue a été transformée en un quartier commercial. On y voit des magasins de prêts-à-porter traditionnels de marque. Cette rue particulière se métamorphose en « fancy fair » à la veille de la fête Eid, accueillant des milliers de mauriciens qui viennent de toutes les régions du pays. Au centre de la rue Pagoda, une mosquée érigée en 1878, a, elle aussi, changé d’allure. Aujourd’hui, ce patrimoine fait la fierté des habitants
Le jardin de la Plaine-Verte
Ce jardin s’appelait « le jardin de la Concorde ». Selon les anciens, la ‘place’ était jolie et fleurie et il y avait aussi un carrousel qui appartenait à la famille Hatteea. Ce carrousel regroupait beaucoup de gens, petits et grands les dimanches. Les grands meetings se sont tenus au kiosque du jardin en face de la station de police. Il y avait également des statuettes et des jets d’eaux. Selon Adam Mohamedally, Sir Seewoosagur Ramgoolam alors premier ministre, marchait de sa résidence pour venir participer au meeting.
Mais, c’est dommage de constater que ce jardin a perdu ses valeurs d’antan. En passant dans le jardin, des feuilles sèches et des ordures traînent ça et là« Jardin la pas cuma avan aster. Li extra malpropre et nepli ena securité. Banne zenfant et ban madame pas capave vine dans jardin », souligne Yousouf Ackbar, un vieil homme qu’on a croisé dans le jardin en compagnie de ses amis.
Ces personnes du troisième âge viennent souvent au jardin pour prendre un peu d’air frais. Ils nous font part de leur sentiment d’insécurité car le lieu est envahi par des toxicomanes qui y passent le plus clair de leur temps. Raffick ajoute que ce n’est pas bien de distribuer de la méthadone aux toxicomanes à la station de police les matins puisqu’il y a deux collèges dans les environs, notamment Madad-Ul-Islam et Islamic.
La Khadafi Square
Cet endroit est connu comme le Khadafi Square. en signe de reconnaissance pour l’ex-président, Mouamar Khadafi de Libye. On a appris que le chef des esclaves, Ratsitatane avait été décapité dans ce lieu avant la bagarre raciale.
La mosquée Al Aqsa
Quand on parle de la Plaine-Verte, on doit absolument mentionner la mosquée Al-Aqsa qui est la première mosquée de l’ile construite en 1805. Tout a commencé par l’arrivée massive des musulmans au cours du XVIIe siècle. Plus d’une centaine d’esclaves indiens de foi islamique sont arrivés. Ils sont aussi connus comme des ‘Lascars’. Cette mosquée a vu le jour grâce à la bonne volonté de la famille Sodebar. En effet, dès 1798, Ignace Sobedar avait fait une demande aux autorités pour acquérir légalement un terrain sur lequel une petite « case-mosquée » pourrait être érigée (illégalement). Cela, afin que les fidèles puissent accomplir leurs prières quotidiennes.
Mais cette demande a été rejetée successivement par le Gouverneur Malartic en 1798 puis en 1802 par le Gouverneur de la Molière. En effet, à l’époque, les français interdisaient toute pratique religieuse en dehors du Christianisme Apostolique, comme stipulé par l’Article 2 du Code Noir.
L’histoire de la mosquée Al Aqsa
Il faudra cependant attendre 1805 pour que le Gouverneur Général Decaen accepte cette demande de construction officielle. L’année suivante la Masjid Al-Aqsa fut ouverte aux fidèles et Gassy Sobedar en devint le premier Imam. La mosquée s’est agrandie au fil des années afin d’accueillir plus de fidèles
La Masjid Al-Aqsa, ou Mosquée du Faubourg de l’Est comme on l’appelait à l’époque, se situe a la rue Hassen Sakir. Elle est restée la seule mosquée de l’île jusqu’à la construction de la Jummah Mosque, en 1852. Lieu de prière mais aussi centre communautaire, la mosquée joue, encore aujourd’hui, un rôle clé dans la vie de tous les musulmans mauriciens. De ce fait, elle est considérée aujourd’hui comme patrimoine national grâce aux efforts consentis par le ministre des Arts et la Culture, Santaram Baboo et le comité de ce lieu de culte. En conséquence ,la mosquée a été rénovée en 2013.
Les différents lieux de cultes
Les différents lieux de culte se côtoient à la Plaine-Verte. Pendant les années 80, il y avait un temple tamoul à la Route de Pamplemousses et deux églises chrétiennes, notamment l’église St François et aussi bien que l’église Anglican.
Le respect de toutes les religions est omniprésente parmi les habitants de la Plaine-Verte. On peut constater que les autres communautés, comme les hindous, les créoles, et les chinois vivent toujours en paix et en harmonie. A titre d’exemple,on compte Monsieur Ramen,ex enseignant, la famille Mootoo et aussi bien la famille de la Pharmacie Kentish sise à la rue la Paix.
« Nou capave pas même réligion mais nou vive cuma dire ene fami. Kan ena ene là l’enterrement cote ene voisin, nou passe la nuit ensam », ajoute Suraj, un habitant de la Plaine-Verte.
Les activités économiques
Selon certains vieux habitants de la Plaine-Verte, les activités économiques ont vraiment débuté en 1985 à la rue Hassen Sakir. Ce quartier est très populaire et on y trouve des magasins de vêtements pour hommes, dames et enfants. C’est un quartier qui est fréquenté par toutes les communautés surtout pendant les périodes festives. Ashiana Fashion est un magasin dont la réputation n’est plus à faire. Il commercialise des robes de mariées et il est fréquenté par les gens habitant aux quatre coins de l’île.
Depuis dix ans déjà, des supermarchés, aussi connus comme des points de libre-service ont vu le jour à la Plaine-Verte. Le supermarché Aberdeen, existe depuis 5 ans à la rue Magon. Ce point de commerce grouille de monde. On a aussi SAMAD libre-service qui est aussi bien fréquenté. Depuis ces derniers temps, on y voit aussi pas mal de restaurants. La Plaine-Verte a certes beaucoup évolué et elle est appelée à jouer un rôle important dans le paysage social, économique et culturel du pays.
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